lundi 10 mars 2014

(002) BARCLAY JAMES HARVEST (1967-1997)

Voici un groupe qui a déjà eu les honneurs de Baistophe. Après écoute de certains des derniers albums, j'avais constaté que ma sélection avait peu ou prou été un peu hâtive. Par la même occasion, j'ai constaté que la période "Harvest" (1967-1973) - même si, intrinsèquement, je trouve qu'elle est largement au-dessus du lot - était pondérément surreprésentée. Pour finir, le Baistophe version 1.0 suivait une logique chronologique que je trouve préjudiciable à l'ensemble même d'une compilation dans le sens ou les années fastes et creuses se ressentent considérablement. Il me fallait donc mélanger tout ça et en faire une sélection homogène aux enchaînements les plus logiques.

J'ai découvert BJH sur les cassettes enregistrées de mon beau-frère. À l'époque, le piratage se pratiquait sans tabou, l'État ne cherchait pas à se mettre derrière chacun de nous pour nous taper dessus pour le moindre pet de travers au nom de la sacro-sainte démocratie et, surtout, les ventes officielles ne chutaient pourtant pas. À cette époque, je n'ai pas encore trop bien compris le prestige qui entourait ce groupe. Il faut dire que nombre de compilations faites sur eux se focalisent sur la période Polydor (1974-...), une période où le groupe édulcore son prog et tend à devenir un groupe pop planant (voire chiant par moments, il faut bien l'avouer).
C'est en tombant sur l'excellente compilation The Harvest Years (1991), une sélection de leurs premiers titres sur 2CD, que j'ai alors bien mieux compris l'intérêt de se pencher sur le cas Barclay James Harvest. La question était de savoir pourquoi un tel revirement artistique aussi abrupt ? Les guitares étaient presque devenues persona non grata dans la seconde partie de leur carrière (leur conférant cette sonorité pop).
L'explication n'est pas artistique, mais financière : en 1973, le groupe coûte bien trop cher à sa maison de disque, EMI (qui possède Harvest). Leurs enregistrements avec orchestre, leurs shows dispendieux et le manque de succès commercial poussent le label à leur montrer la porte de sortie. Réfugiés chez Polydor, le budget était considérablement rogné et il fallait bien faire avec. La grandiloquence et l'ambition artistique du début se sont donc brutalement transformée en modération artistique. Le changement de style est franc, même si l'album transitionnel Every One Is Everybody Else (sorti chez Polydor) flirte encore avec des compositions dignes de la première époque, repensées pour un orchestre de 4 personnes.

Étonnamment, c'est dans les années 80 qu'ils auront le plus de succès, notamment en Allemagne, et avant tout grâce à un concert mythique joué au pied de la porte de Brandebourg, où le public de Berlin Ouest assiste au concert, tout autant que celui de Berlin Est, de l'autre côté du mur. Le Symbolisme a été poussé quand, en 1988, le groupe se produira, cette fois-ci, de l'autre cpoté du mur (album Glasnost, 1988).
Barclay James Harvest aura donc eu du succès plus pour ce qu'il a représenté (un acte parmi tant d'autre dans le processus de réunification de l'Allemagne) que pour son talent artistique, pourtant certain. Aussi, il est plus facile, maintenant, de comprendre pourquoi c'est la période la plus creuse du groupe qui surnage dans la plupart des articles qui leur est consacré, ou les compilations.
Ainsi, il est grand temps de remettre ce groupe au niveau (aussi modeste soit-il) qu'il mérite en réunissant les deux époques dans ce Baistophe que je vous ai donc reconcocté. Une compilation que vous ne verrez donc nulle part ailleurs !

Je me suis réduit à m'arrêter au dernier album de BJH. En effet, après River Of Dreams (1997), le groupe ne s'est pas réellement séparé (pas vraiment de querelles internes) mais chacun y est allé de sa carrière solo, en utilisant à leur escient le nom de leur groupe d'origine. Aussi, à partir de l'an 2000, vous verrez la présence de deux Barclay James Harvest : l'un nommé "Through The Eyes Of John Lees" et l'autre tout simplement nommé "Featuring Les Holroyd". Une différenciation qui laisse apparaître néanmoins une divergence artistique, Les Holroyd étant le plus mièvre des deux ; ça se ressent sur son album. Je n'ai donc rien pris de ces demi-BJH pour la simple raison que soit les titres sont des réenregistrements de vieux standards, soit la sauce prend moins (malgré une meilleur production) et puis que, finalement, je dois bien admettre qu'il y a bien assez de titres de la période post-Wooly Wolstenholme (1979-...)



LES TITRES

CD I :

1. Song For You
issu de l'album Time Honoured Ghosts (1975)
Le premier choix de cette sélection représente à lui seul la transition entre les deux époque. La première partie du titre, dans un esprit Pop/Rock Progressive résume bien les années passées auparavant et encore honorées sur le premier album Polydor Everyone Is Everybody Else. Ce titre ouvre aussi l'album Time Honoured Ghosts et montre bien que cette première époque est révolue. La seconde partie, dans un esprit plus pop éthérée montre le chemin à suivre désormais. Barclay James Harvest ne s'en écartera maintenant que trop peu...

2. Ra
issu de l'album Octoberon (1976)
Octoberon est très certainement l'album le plus sous-estimé du groupe. Pas que les titres y soient bien meilleurs qu'ailleurs (quoique si on se restreint à la seconde époque...), mais que dans sont entièreté, il est d'une parfaite régularité qualitative sur toute sa longueur. Ra est un parfait compromis entre chanson pop et esprit progressif, chose que Supertramp (dont j'ai emprunté le titre du deuxième album pour le titre de cette compilation) ont si bien réussi et que, finalement, BJH pas tant que ça...

3. Fifties Child
issu de l'album Ring Of Changes (1982)
Comme je l'ai dit en introduction, après le départ de Wooly Wolstenholme (le claviériste), la qualité d'écriture est en chute libre et, années 80 aidant, il n'est pas difficile de comprendre que les albums sont majoritairement remplis de titres assez quelconques, formatés pour la radio et rythmiquement un poil trop mécanique. Quelques sursauts d'orgueil surnagent notamment ici avec un retour au symphonisme et un titre qui n'est pas sans rappeler Free As A Bird (encore Supertramp, mais sorti 5 ans plus tard)

4 & 5. The Poet / After The Day
issu de l'album And Other Short Stories (1972)
Deux titres indissociables l'un de l'autre tant leur enchainement est évidemment. Pourtant l'atmosphère y est si différent : léger et philharmonique pour le premier, plus pesant, rock pour le second. C'est d'ailleurs pour cette raison que cette doublette fait aussi bon effet !

6. Dark Now My Sky
issu de l'album Barclay James Harvest (1970)
À mon humble avis le masterpiece du groupe. Le titre, à l'origine composé sur 3 minutes a finalement été étoffé d'un final que n'est pas sans rappeler celui de A Saucerful Of Secrets (de Pink Floyd) mais surtout d'un monologue initiale aux allures très shakespearienne. Le résultat final est un embryon d'opéra-rock du meilleur effet.

7. Breathless
Face B  issue des bonus de Baby James Harvest (1973)
Instrumental sorti tardivement sur album (les compilations  The BestOf fin 70s puis The Harvest Years (oui, encore) et finalement en bonus track sur Baby James Harvest. Ce titre est somme toute assez anecdotique par sa simplicité d'écriture mais sa basse mise en avant et ce côté plutôt enjoué lui confèrent une certaine sympathie. Un titre qui ferait parfaitement office de générique d'émission.

8. She Said
issu de l'album Once Again (1971)
Une certaine dramatique, plutôt mélancolique ressort de ce titre à l'intermède flûté.

9. Child Of The Universe
version single issu des bonus de Time Honoured Ghosts (1975)
version album disponible sur Every One Is Everybody Else (1974)
Bien qu'écrit tôt (1974), ce titre préfigure déjà le son des années 80. Un titre pop simple, mais au refrain efficace. La version single a été choisie ici simplement parce que plus court (donc plus pratique pour clôturer l'album aux forceps.

10. Leper's Song
issu de l'album Gone To Earth (1977)
Gone To Earth, à l'inverse de Octoberon est probablement le plus surestimé de la discographie. Poussif et mou du genou, même le tube de l'album, Hymn, n'a pas été sélectionné sur cette compilation. Leper's Song est loin d'être un chef d’œuvre mais permet de compléter ce Baistophe en ne faisant pas l'impasse sur cet album et surtout en complétant l'éventail artistique du groupe.

11. Paper Wings
issu de l'album Every One Is Everybody Else (1974)
L'antisynthèse de Song For You : à l'inverse de ce dernier, le titre commence le titre calmement et finit de façon plus enlevée. Même si on a un peu envie de chanter "On dit que j'ai des belles gambette" sur ce passage final, force est de constater que ce morceau est plutôt bien construit et représente un des points d'orgue de l'album d'où il est tiré.

12. Song For Dying
issu de Once Again (1971)
Ce titre qui, à première écoute donne un poil envie de se pendre, tranche cependant dans le vrai. Des textes si forts menés par une composition au lyrisme unique en ont finalement fait un de mes titres favoris du groupe.

13. Taking Some Time On
issu de Barclay James Harvest (1970)
Un des premiers singles du groupe montre à quel point Barclay James Harvest tenait clairement bien la route dès le début. Un titre résolument pop à la singularité étonnante et; surtout, qui n'a pas tant vieilli que ça, au regard de certains autres, pourtant plus récents, mais si datés.

14. Medicine Man
version réenregistrée issue des bonus de And Other Short Stories (1972)
Le titre qui n'aura jamais réellement entièrement satisfait ses auteurs. Pourtant il est l'un des plus remarquables de tous. Ceci expliquant probablement cela. Ceci expliquant aussi pourquoi il a été réécrit plusieurs fois. C'est finalement dans cette version définitive, proche de la version issu sur le Live de 1974, que l'effet donne le plus de résultat : cette rythmique implacable, massive donne de l'inertie au morceau.

CD II :

1. Death Of A City
issu de l'album Turn Of The Tide (1983)
Dès les premières notes de ce titres, on entend d'où sort ce titre. Typiquement simple; comme tous les titres de BJH dans les 80s, il ressort nettement du reste de l'album. Le son a, lui aussi, très peu vieilli, et la progression est bien vue, bien que classique dans le genre. Reste la mélodie, au chant, qui fignole adéquatement ce titre.

2. Forever Yesterday
issu de l'album Caught In The Light (1993)
Il m'a été très difficile de trouver des titres de la période 1984-1993 qui puisse tenir la dragée haute au reste de la discographie. Je me suis fait violence car, au final, j'aurais presque pu choisir n'importe quel titre tant ils sont similaires les uns des autres dans cette période. Celui-ci a ce je-ne-sais-quoi de différents qui fait qu'on peut plus facilement le digérer.

3. Berlin
issu de l'album XII (1978)
Ce titre a probablement été le pied à l'étrier du succès de BJH en Allemagne (le pays qui les a le plus suivi). Son titre, évidemment, mais aussi l'engagement du groupe pour la réunification des deux blocs, par leurs concerts des deux côtés du mur. Un titre d'une réelle beauté.

4. Mocking Bird
issu de l'album Once Again (1971)
Le plus grand tube du groupe. Le seul, d'ailleurs, de l'époque Harvest, à être resté dans le répertoire du groupe jusqu'au bout. La version originale est très travaillée avec adjonction d'une partition symphonique pour étoffer la trame pop de ce titre.

5. Brother Thrush
single issu des bonus de Barclay James Harvest (1970)
Au même titre que Taking Some Time On, Brother Thrush est un très bon titre des débuts qui, même s'il a un peu plus vieilli que l'autre reste assez propre et agréable à écouter.

6. Moonwater (Poco Adagio)
issu de l'album Baby James Harvest (1973)
Titre qui clos à merveille l'album Baby James Harvest, qui est étonnamment honni des fans du groupe (je n'y comprends rien, personnellement). À l'instar de Dark Now My Sky, ce titre présente une théâtralité hors pair.

7. For No One
issu de l'album Every One Is Everybody Else (1974)
Aucun lien avec le titre des Beatles, même si John Lees est un grand fan du groupe (il leur rendra d'ailleurs hommage, très maladroitement, sur le titre Titles, issu de l'album Time Honoured Ghosts). Le côté prog à la Pink Floyd y est à son paroxisme.

8. Ball And Chain
issu de l'album Once Again (1971)
Ball And Chain est un titre qui prend l'identité du groupe à contre-pied. Un son de guitare presque heavy, l'usage d'une voix moins polissée qu'à l'accoutumée. Malgré un des titres majeurs du groupe.

9. The Iron Maiden
issu de l'album Barclay James Harvest (1970)
Un titre qui ressemble presque à une comptine, ou à une berceuse, bien que le thème des textes soit moins anodin que l'air puisse laisser apparaître.

10. Sperratus
issu de l'album Eyes Of The Universe (1979)
Sperratus peut paraître un peu bancale à première vue avec son double faux-départ et notamment ses premières notes bien mielleuse. Néanmoins, quand ça démarre, l'esprit de Paper Wings n'est franchement pas loin.

11. River Of Dreams
issu de l'album River Of Dreams (1997)
Le dernier album en date à porter le nom seul de Barclay James Harvest est un sérieux retour en force. Pas au point de surpasser les albums de 1974-1977, certes, mais un soucis dans la composition et une régularité sur l'ensemble de l'album lui valent le mérite d'être au moins écouté une fois... Fort peut surprenant, le meilleur titre de l'album est éponyme.

12. Summer Soldier
issu de l'album Baby James Harvest (1973)
Le titre que je considèrerais comme le chef-d'oeuvre absolu du groupe, hymne antimilitariste orchestré de manière de maître. On n'est pas encore loin de penser à une parentée avec Supertramp dont le titre Fool's Overture (sorti 4 ans plus tard) utilise la même thématique et utilise des pistes son liées à la guerre, ainsi que Big Ben.

13. Crazy City
issu de l'album Every One Is Everybody Else (1974)
L'usage d'une guitare cracheuse donne, comme pour Ball And Chain, une sonorité atypique au groupe. Cependant, le titre est globalement acoustique, là aussi assez inhabituel au groupe qui n'en est pas coutumier.

14. Child Of Man
face B issue dans les bonus de l'album Baby James Harvest (1973)
Voici un titre qui aurait du sortir 2 ou trois ans plus tôt, ne serait-ce que pour le son et la production utilisé. Sûr qu'à l'époque où il est sorti, il devait déjà sonner un peu dépassé. Il s'agit pourtant d'un très bon titre à rythmique différencié entre les couplets et les refrains, ce qui en fait tout son intérêt.

15. Suicide
issu de l'album Octoberon (1976)
Quoi de mieux pour finir cette compilation que ce titre issu d'Octoberon ? Si les détracteurs du groupe tendent à dire que leur musique irait jusqu'à les pousser au suicide, l'atmosphère de ce titre et l'interprétation n'a rien à rougir de ce genre de critique. Un titre au demeurant très planant et très réussi qui permet, donc, à cette compilation, de se terminer en douceur.




LES ALBUMS

LES TOPS

EN STUDIO

1. Once Again (1971) - 4,5/5
2. Baby James Harvest (1973) - 3,5/5
3. Everyone Is Everybody Else (1974) - 3,5/5
4. Barclay James Harvest (1970) - 3,5/5
5. Octoberon (1976) - 3,5/5
6. And Other Short Stories (1972) - 3,0/5
7. Time Honoured Ghosts (1975) - 3,0/5
8. XII (1978) - 3,0/5
9. Gone To Earth (1977) - 2,5/5
10. Victims Of Circumstances (1984) - 2,5/5
11. River Of Dreams (1997) - 2,5/5
12. Turn Of The Tide (1981) - 2,5/5
13. Ring Of Changes (1983) - 2,5/5
14. Eyes Of The Universe (1979) - 2,0/5
15. Caught In The Light (1993) - 2,0/5
16. Face To Face (1987) - 1,5/5
17. Welcome To The Show (1990) - 1,5/5


EN LIVE

1. Live (1974) - 5,0/5
2. Live At The BBC 1972 (2002) - 4,0/5
3.  Live Tapes (1978) - 4,0/5
4. After The Day, Radio Broadcasts 1974-1976 (2008) - 3,5/5
5. 25th Anniversary Concert, Live At The Town & Country Club, London 1992 (2012) - 3,5/5
6. Berlin, A Concert For The People (1981) - 3,5/5
7. Glasnost (1988) - 2,5/5


CETTE COMPILATION N'ÉTANT PAS OFFICIELLE VOUS POUVEZ NÉANMOINS ACHETER (SI VOUS VOULEZ EN RESTER À UNE COMPIL') :

The Harvest Years : Problèmes de droits obligent, vous ne trouverez pas de compilation du groupe sur l'ensemble de leur carrière, à l'exception du coffret 5CD All Is Safely Gathered In (2005). Un choix doit donc être fait entre une compilation EMI/Harvest et une compilation Polydor. Indiscutablement (de mon point de vue) le choix se porte évidemment sur la première époque. Le choix est alors mince. Fort heureusement, la sélection est proche du parfait et prend même en compte des titres hors albums que nous trouvons sur des albums comme Early Morning Onwards ou les trois volets Best Of (1, 2 et 3)sortis à la fin des années 70.


EN ÉCOUTE
ATTENTION : Le titre River Of Dreams n'étant pas disponible à l'écoute, il n'apparaît pas dans la sélection ci-dessous.

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